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FRANCE Carte des députés élus … en 1869 … en 1876 … en 1877 … en 1881 … en 1889 … en 1893 … en 1898 … en 1902 … en 1906 … en 1910 … en 1914 … en 1928 … en 1932 … en 1936 … en 1958 … en 1962 … en 1967 … en 1968 … en 1973 … en 1978 … en 1981 … en 1988 … en 1993 … en 1997 … en 2002 … en 2007 … en 2012 … en 2017 … en 2022 … en 2024 |
![]() Avec Méline, la république modérée arrive à son port: les Français sont satisfaits du protectionnisme et rassurés par l'alliance russe, pendant qu'au loin les expéditions coloniales rendent à la France une place dans le monde que n'a pas sa puissante voisine l'Allemagne. Les attentats anarchistes ont fait l'actualité des journaux à grand tirage, mais plus annonciatrice de problèmes futurs est l'attitude tenue à l'égard d'un Méline acceptant de plus en plus fréquemment les votes de la droite en lieu et place de ceux de la gauche; les radicaux notamment pourfendent les concessions faites au « cléricalisme ». Néanmoins, les progressistes sortent apparemment gagnants de ces élections sans vraies passions, non point en terme de sièges, mais parce que toujours au centre de l'échiquier politique. En réalité, ils stagnent en voix. De plus, le succès des radicaux, par leur avancée soudaine dans le Languedoc historique, déporte leur centre de gravité à la Chambre légèrement vers la droite. Très intéressant est de se pencher sur les préférences décelables chez les anciens opportunistes: presque un tiers renâcle à la ligne Méline, soit la même proportion que ceux qui resteront à gauche quand l'affaire Dreyfus rebondira en 1899 et redistribuera les cartes au centre de l'échiquier politique. Rappelons que cette affaire ne constitua à ce scrutin un enjeu que localement. Ceux qui s'étaient avancés dans la défense de Dreyfus, notamment Joseph Reinach et Jean Jaurès, en pâtirent électoralement, le premier sèchement battu à Digne, le second défait dans le Tarn. En revanche, la défaite de Jules Guesde, autre défenseur du capitaine au départ (mais qui cessera vite de prendre parti dans cette affaire), à Lille, est beaucoup plus due à l'habileté de son seul concurrent, un grand entrepreneur républicain modéré mais à la fois très progressiste et appuyé par la droite, qui elle veut écarter à tous prix le meneur socialiste Guesde du Parlement. Quant aux antisémites élus en métropole, ils considèrent l'Affaire comme la continuation et la confirmation des scandales des décorations et du Panama (Reinach est également la victime de cette dernière), tandis que les antijuifs, tous d'Algérie, trouvent dans les derniers déroulements de l'affaire Dreyfus une occasion de rappeler une autre rancœur, à savoir la naturalisation en masse des israélites en 1870, dont beaucoup détiennent les commerces sur place (ceux-ci en feront bientôt et physiquement les frais). |