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FRANCE (accueil)

 Histoire du découpage électoral

 Découpage Marleix

 Découpage pour 2022


Histoire
... variable récente
... ou « rollover »
----- Un brin d'explication:
Histoire : cartographie des législatives par circonscriptions (à compléter).

... variable récente : mène en général à des cartes de France par cantons. C'est la partie principale du site.

... ou « rollover » permet de superposer la même variable à plusieurs scrutins.


Que valent les données électorales du livre de J. Cagé-T. Piketty Une histoire du conflit politique?

    Le volume de 860 pages et tout ce qui est mis sur la Toile sont trop importants pour que nous nous intéressions à autre chose qu'aux sources utilisées dans le domaine électoral et transcrites en séries de chiffres, parce que beaucoup d'entre vous, qui aurez envie de les utiliser, se jetteront probablement avidement dessus sans réflexion, sans connaître leurs lacunes et leur valeur réelle.
    Avant tout propos technique ou scientifique, il faut rendre justice aux deux auteurs. Ils ont fait photographier les archives concernées et fait saisir les chiffres qui s'y trouvaient, et surtout rendu public le fruit de leur travail — chose un peu obligée par leur financement public de l'Europe. Rendons-leurs un autre hommage: ils ont innové aussi du côté économique, leur domaine d'origine, en utilisant le thème préféré du mari, celui du patrimoine des Français, jusqu'à l'échelon communal, et en plus sur le très long terme, la plus intéressante nouveauté de l'ouvrage.
    En revanche, déception dans le domaine électoral, seul objet du tableau à suivre, entre autre pour le concept de tripartition parfois employé à contretemps, notamment en sortant d'un tripartisme en 1910 alors qu'on venait d'y entrer, ou encore sur la IVe République entièrement mise dans la période dite de construction de la bipartition, alors que la bipolarisation se reconstruit à partir de 1962, après l'heure de gloire de la Troisième force. Nous ne commenterons pas longuement la cartographie, présente dans le volume papier pour décorer selon l'aveu même des auteurs. Elle est aussi parfois utilisée à contretemps comme cette carte de la droite en 1881, date de son étiage absolu sous la IIIe République (scrutin qui suit son échec définitif de 1877 et où elle déserte la lutte dans une circonscription sur trois).
    À propos de la cartographie en ligne tout de même, attention à l'illusion suivante. Certains scrutins, à l'occasion desquels les Français votèrent au chef-lieu de canton (ou de section), sont en conséquence disponibles à l'origine dans ce seul échelon. Pour pallier ce défaut de chiffres à la commune, afin sans doute de faire correspondre le cadre géographique de ces données avec les autres et sur un laps de temps très long, les auteurs ont équiréparti les résultats au canton dans chaque commune. Mais d'autres ont subi le même sort alors que les Français votaient à la commune et que la source archivistique est reproduite et disponible en ligne ; ainsi juin 1946, 1956, 1958 (législatives), 1978 et 1986. Quant à mai 1946 (référendum), 1968 et 1973, ces scrutins ont également été traités par canton équirépartis par commune, et malheureusement nulle archive n'est mise en ligne (pourtant les archives, au moins de 1946, étaient disponibles il y a vingt-cinq ans et en parfait état). Tout cela a nécessairement une explication. Mais alors pourquoi ne pas le signifier sous chaque carte concernée? Parce qu'évidemment personne ne lira les centaines et les centaines de pages d'annexe, tout le monde croira que parce que le nom d'une commune apparaît, cartographiée en plus dans ses limites officielles, avec des chiffres plausibles parce que basés sur des inscrits — eux-mêmes estimés à partir de la population, ce qui n'est pas davantage explicité de façon visible —, que ceux-ci sont la réalité. Par ailleurs, les auteurs glissent dans une note du bas de la page 14, que certains documents n'ont pu être reproduits par commune pour quelque raison « de conservation ». Il y a eu tout de même des pages sautées, des communes oubliées qui, jointes aux lacunes d'origine, constellent beaucoup de cartes, dont plusieurs ressemblent à de la dentelle.

    Et maintenant venons-en aux sources et chiffres téléchargeables. Les sources sont les procès-verbaux conservés aux Archives nationales de 1789 à 1988, et le site data.gouv depuis 1992. Les lacunes sont importantes, tant dans leur photographie que dans la saisie des chiffres qui pouvaient en être tirés (plusieurs milliers de communes souvent). Quant à l'étiquetage des candidats avant 1992, on pourrait le résumer par un mot: hasardeux. Ne parlons pas des bonnes sources utilisées, modifiées de façon absolument incompréhensible, tandis que d'autres sources, déficientes, sont prises au pied de la lettre. Pas de chance! Par exemple, pour 1906, l'équipe Cagé-Piketty s'est fiée au seul journal Le Temps. Fabuleux quotidien, le plus passionnant de toute l'histoire de la presse française, et un des plus consciencieux pour l'étiquetage des candidats. Mais voilà, en 1906, alors que les socialistes viennent de faire un violent effort d'unification à travers le Parti socialiste SFIO, cette feuille qualifie les candidats du parti tantôt de socialistes unifiés, tantôt de socialistes tout court. Immanquablement, la source recopiée fidèlement aboutit à des socialistes SFIO nettement sous-estimés et à des socialistes sans épithète très surrestimés. La bonne source pour cette tendance politique était L'Humanité. Même problème pour les radicaux, dont le parti ayant tenté de les rassembler remonte à quelques années supplémentaires. Ne parlons pas de la méprise de 1902 faite par les auteurs (cf. cartes ci-dessous), qui inverse les rapports de force entre droite et gauche dans beaucoup de circonscriptions — sans doute l'erreur aux conséquences statistiques maximums dans toutes les saisies électorales. Etc., etc. Déterminer la réelle couleur politique d'un candidat nécessite de recourir à tous les types de source disponibles, et pas à un seul et unique titre de presse; plusieurs journaux nationaux, tenant des lignes différentes et donc qualifiant les candidats différemment, biographie quand elle existe, Barodet, archives de campagne électorale si possible car ce sont en général celles qui permettent de se tromper le moins, presse locale, en sachant que celle-ci est encore plus outrancière que sa consœur nationale et qu'il faut savoir lire entre les lignes des articles de parfaite mauvaise foi, monographie locale quand elle existe. Bref, un labeur de longue haleine, un travail de fourmi, de décryptage permis seulement par une maîtrise totale du sujet. Or, l'équipe réunie par les deux auteurs, néophyte de surcroît, n'avait pas le temps pour cela.

Tableau analytique

    Pour résumer, aucune série statistique électorale ne permet d'aboutir à une carte complète et fiable avant 1924. Les Lachapelle de l'entre-deux-guerres ont amélioré les choses, mais tout ce qui est antérieur, au moins dans l'optique d'un travail sérieux, est à oublier. On peut constater ci-dessous le désastre pour 1902…

Une rétrospective sur la participation électorale en France

    Il s'agit ici d'une grande première. En effet, on ne disposait pas de la proportion de votants aux élections locales de 1848 à 1945. Tout juste une estimation du ministère de l'Intérieur en 1848 sur les cantonales, et de chiffres nationaux d'exprimés à celles de 1931 et 1934. Plus une estimation livrée à l'occasion du cent-cinquantenaire de la révolution de 1848, tenu en 1998, concernant les municipales de 1848, pour lesquelles il fut avancé une participation de 55%. Mais l'auteur de ces lignes étant en phase avec l'estimation officielle aux cantonales, celui-ci a préféré se fier à lui-même, pour finalement découvrir un taux de 64,5% au lieu des 55% susdits… Une paille.
    Pourquoi cette lacune d'un siècle dans les chiffres nationaux? Parce que le circuit de vérification des pouvoirs s'arrête (ou s'arrêtait concernant les élections des conseils d'arrondissement) au département, sauf recours devant le Conseil d'État. Et qu'en conséquence l'État n'avait pas l'obligation de rassembler ces documents, au demeurant fort lourds pour ce qui concerne les élections municipales (il suffit de constater le nombre de mètres linéaires d'archives nécessaires à la conservation des seuls scrutins législatifs pour comprendre que cela n'aurait pas été possible). C'est l'informatique qui permet désormais la reproduction sinon des documents d'origine, du moins leur résumé statistique (depuis 2001 pour les municipales).




Sources :
— scrutins nationaux de 1848 à septembre 1958 (référendum): Archives nationales, séries BII, C et F1CIII;
— élections législatives de 1958 à 1997: livre blanc du ministère de l’Intérieur;
— élections législatives de 2002 et ultérieures: chiffres en ligne du ministère de l’Intérieur;
— référendums de 1961 et ultérieurs: recueil des décisions du Conseil constitutionnel;
— élections municipales de 1848 à 1945: relevés de presse, complétés par des relevés en archives départementales afin d'étoffer la statistique sur les petites communes de 1848 à 1874; l'ensemble représente 16% des effectifs d’inscrits à l’échelon national à partir de 1925 (un peu moins avant, beaucoup moins avant 1871, à cause d’une presse locale au début chiche en renseignements chiffrés puis muette dans le champ politique à partir de 1852); pondération entre les communes selon leur population pour rééquilibrer des effectifs à toutes les époques déséquilibrés, pondération rendue indispensable par le fait que les communes moins peuplées s'abstiennent nettement moins que celles de taille supérieure (ce qui redresse considérablement les choses), et enfin pondération entre départements à tendance participationniste ou abstentionniste (ce qui rectifie encore un peu les taux);
— élections municipales de 1947 à 1965: chiffres communiqués par le ministère de l’Intérieur à Alain Lancelot et publiés dans L’abstentionnisme en France chez A. Colin en 1968;
— élections municipales de 1971 à 1995: chiffres du ministère de l’Intérieur publiés dans la presse notamment Le Monde;
— élections municipales de 2001 et ultérieures: chiffres en ligne du ministère de l’Intérieur;
— élections cantonales de 1848 à 1937: relevés de presse, représentant de 8% (en 1848) à 13% (en 1937) des effectifs d’inscrits convoqués aux urnes; on ne tient pas compte de l'estimation du ministère de l’Intérieur sur le scrutin de l'été 1848, à 35%, sans doute sous-évaluée par manque de renseignements provenant des cantons ruraux; par ailleurs, même pondération entre départements que celle appliquée aux municipales;
— élections cantonales de 1945: Annuaire statistique de la France, 1946;
— élections cantonales de 1949 à 1964: statistiques du ministère de l’Intérieur figurant dans L’abstentionnisme en France, d’Alain Lancelot;
— élections cantonales de 1967 à 1998: statistiques du ministère de l’Intérieur publiées dans la presse;
— élections cantonales de 2001 et ultérieures: chiffres en ligne du ministère de l’Intérieur;
— élections régionales de 1986, 1992 et 1998: Banque de données socio-politiques (BDSP) de Sciences Po;
— élections régionales de 2004 et ultérieures: chiffres en ligne du ministère de l’Intérieur.
        Remarques: tous les chiffres officiels récents et ceux de la BDSP se trouvent sur le site Internet « data.gouv ».


    Deux dates ont présenté des difficultés particulières. Aux scrutins de 1919, on a retiré 8% des inscrits officiels, soit l’équivalent de 900 000 électeurs pour la France entière, à cause de listes électorales non nettoyées ailleurs qu‘en Alsace-Moselle (elles le seront pour les cantonales de mai 1922). Les procès-verbaux relatifs aux législatives de février 1871, très lacunaires, ne permettent pas de reconstituer même approximativement un pourcentage de participation. Quant aux deux autres scrutins de 1871, on a retiré 1% des inscrits, soit l’équivalent de 100 000 électeurs, pour la même raison qu’en 1919.

Autres remarques
— La frise ci-dessus ne couvre pas l’outre-mer, pour plusieurs raisons.
    On pourrait arguer de son faible taux de participation ou plus exactement de sa participation erratique, ce qui est un fait, mais pas suffisant pour retirer de la vie républicaine les populations concernées. Un autre argument plus décisif voire rédhibitoire doit être pris en compte.
    Les colonies acquirent le droit de vote dès 1848, mais l’affranchissement des esclaves provoqua un tel imbroglio dans l’état-civil et la constitution des listes électorales qu’aucune ne put voter à temps. Puis le nouveau cours politique découlant du coup d’État de décembre 1851 leur retira toute représentation nationale, qu’elles retrouvèrent grâce au 4-Septembre. Ce premier manque de continuité n’est pas le plus marquant dans les chiffres: jusqu’en 1937, inclure ou pas l’outre-mer (Algérie comprise, qui votait davantage que les colonies) dans la statistique nationale ne la ferait baisser que d’un demi-point de pourcentage en moyenne (un peu plus pour les cantonales à cause de la création du second collège en Algérie, autorisé à voter aux élections locales). En revanche, si la proclamation de tous les ressortissants de l’empire colonial comme citoyens le 7 mai 1946 ne reçut pas application immédiate et systématique, elle gonfla par la suite et progressivement les seconds collèges créés dans les colonies devenues TOM, jusqu’à faire baisser la participation de 6,3% aux législatives de 1956. L’indépendance soudaine de la plupart de ces territoires introduit donc un considérable hiatus entre l’avant et l’après-vote de ces électeurs, au nombre de quelque 20 millions en septembre 1958. On a donc choisi la cohésion en écartant ces chiffres discontinus. À noter que la croissance démographique de l’outre-mer et depuis quelques décennies le vote des Français établis hors de France (également exclus ci-dessus) recommencent à peser sensiblement sur le taux national de participation, jusqu’à plus de deux points de pourcentage aux derniers scrutins.
— Hormis le cas exceptionnel de 1848, les élections des conseils d’arrondissement ne figurent pas sur ce graphique, non pas à cause de la moindre importance de l’institution (son élection sera supprimée en 1945), mais pour ne pas le surcharger et parce qu’à partir de 1852 elles sont couplées à celles des conseils départementaux, opération rendue aisée par le fait que les deux types d’élection avaient en commun leur cadre, le canton. D’ailleurs, jusqu’à une loi de 1892 interdisant l’élection simultanée des deux types de représentant dans le même canton, la participation était généralement identique aux deux scrutins. Identique si toutefois le nombre de candidats était le même. Car le conseil d’arrondissement suscitant moins d’appétence que le conseil général, donc moins de candidatures (une majorité de cantons n’avait encore au tournant du siècle qu’un compétiteur à ce type de scrutin), la participation chutait en cas de candidat unique. Si bien qu'en moyenne la participation fut toujours inférieure à celle enregistrée pour l’élection des conseillers généraux; de 11 % en 1848 (les cantonales eurent lieu une semaine avant), de peu en 1852 puis de moins de 10 %, pour finir à environ 2 % en dessous des cantonales en 1937, grâce à la multiplication des candidatures aux deux types de scrutin.
Paris n’aura pas de conseil municipal élu avant le 5 novembre 1870, Lyon avant les élections municipales d’avril 1871, à chaque fois dans des conditions chaotiques. Paris ne revotera pas à l’occasion des élections générales d’avril mais après la Commune, le 23 juillet et n’est donc pas incluse dans la colonne concernée ci-dessus. Paris aura encore un calendrier électoral particulier de 1887 à 1893, afin de correspondre à celui des élections cantonales parce que le conseil municipal parisien faisait aussi office de conseil général, et n’est donc pas incluse dans les chiffres de 1888 et 1892. À ces deux dates et au vu des résultats observables avant et après cette courte période, cela fît sans doute baisser la participation nationale de 0,4%, la capitale votant davantage que les autres communes très peuplées.



Le découpage mort-né: la droite LR dans le viseur

    Les crises successives qu'a connu la France depuis 2017 ont définitivement, semble-t-il, obligé le pouvoir exécutif à renoncer au projet de réforme électorale. Il est cependant bon de s'y arrêter. Car la procédure utilisée, identique à celle de 2009, commençait à furieusement ressembler à tous les travers du découpage électoral connus en France. 433 députés devaient former la prochaine Assemblée nationale, dont 346 auraient continué à être élus au suffrage uninominal. Vous pouvez voir sur decouperlafrance ce qu'aurait été un découpage basé sur la géographie et non l'intérêt des partis. Malheureusement, il s'agissait d'un rêve. De premières informations m'indiquaient que certaines fédérations départementales LREM et MoDem avaient déjà préparé un découpage des circonscriptions dans leur département. Mais nulle autre source ne confirme ces bribes d'informations, notamment celles selon lesquelles le MoDem avait obtenu quelques satisfactions tandis que LR et particulièrement les rares figures de proue qui lui restent étaient visées par ce redécoupage.

    A défaut d'informations confirmées et solides, je vous livre deux choses: le tableau des élus potentiellement éliminés par circonscription actuelle, et son résumé, le petit tableau ci-dessous.



    Vous pouvez observer que les partis ou mouvances ne perdaient pas uniformément dans la réduction drastique du nombre de circonscriptions uninominales, et qu'ils ne compensaient pas leurs pertes uniformément par l'introduction des 20% de proportionnelle.
    J'ai pris l'hypothèse d'une proportionnelle appliquée à tous les suffrages exprimés, parce qu'on ne sait rien du choix technique qui aurait été fait. Le FN s'en serait sorti le mieux grâce à la masse de ses suffrages, malgré sa perte quasi-intégrale de ses sièges uninominaux. Tous les autres y auraient perdu, moins les partis de gauche bien implantés, l'ex-PS, LFI et l'ancien PCF, que pour les partis centristes, le pire étant prévisible pour la droite classique. Une droite considérée dans sa globalité mais, sachant que par le redécoupage les Constructifs auraient été puissamment avantagés sur les LR orthodoxes (selon les informations qui m'ont été communiquées, communiquées par des élus non LR dois-je préciser), les pertes LR auraient été plus accentuées que le chiffre global indiqué ci-dessus.
    Attention, il s'agit là de calculs théoriques. La réalité aurait été un peu différente bien évidemment. D'abord, le mode de répartition des élus à la proportionnelle aurait changé la donne si la proportionnelle appliquée à l'ensemble des suffrages exprimés n'avait pas été retenue. Par exemple, si ces 20% d'élus l'avaient été sont selon les seuls suffrages obtenus par les candidats non élus (comme beaucoup y comptaient), ces résultats complémentaires auraient rééquilibré davantage le scrutin uninominal, par définition.
    Conclusion: oui les changements annoncés auraient réduit la dissemblance entre corps électoral et élus, mais dans des proportions qui auraient dépendu de la partie des suffrages exprimés prise en compte pour la répartition des sièges attribués à la proportionnelle.


Les législatives de 2017


    Je vous invite à aller voir la répartition des candidats selon leur âge et leur catégorie socioprofessionnelle.

    Et maintenant quelques considérations tirées d'une analyse des actes de candidature à ce scrutin, hormis l'appartenance sociale de ces mêmes candidats.
    D'abord, la similitude des professions de foi avec celles de 1958. En effet, comme en 1958, à part les sexagénaires et les septuagénaires, tout le monde se dit jeune et pour le renouvellement. Et, à peine moins qu'en 1958 où tout le monde applaudissait la tournure des évènements (le fameux "gaullisme universel"), nombre de candidats disent appuyer la nouvelle majorité.
    Ensuite, le nombre de dissidents à la fois à gauche et à droite, au FN également, et même jusque dans les rangs de la majorité. En effet, de nombreux PS dissidents mais davantage encore de LR et même quelques UDI, mécontents du choix de leur parti respectif, se présentent en indépendants et en se proclamant tantôt franchement "macroniens", tantôt "macroniens" mais pas inconditionnels, tantôt pas hostiles foncièrement au gouvernement mais dont on sent bien qu'ils aimeraient davantage s'en distinguer que leur propre représentant officiel PS ou LR. La confusion est telle qu'il ne sera pas possible d'avancer un total de voix de gauche d'opposition, un total gouvernemental et enfin un total de voix de droite d'opposition au soir du premier tour. Même dans la mouvance gouvernementale, des gens auxquels les personnes "référentes" avaient donné à penser qu'ils seraient les candidats d'En marche, se sont fait éconduire par une décision tout droit arrivée de Paris, ce qui les a profondément déçu dans la mesure où ils s'attendaient à ce que les choses changeassent y compris dans le mode opératoire de sélection des candidats. Mais autant ces quelques déceptions n'auront pas de conséquence, autant dans le cas des LR et PS écartés, cela introduit un ferment, pire, une spirale de la défaite que tout le monde devine. Et quand on pressent la défaite, alors on n'a plus envie d'aller voter.
    Envie qui faiblira encore après la publication des résultats parvenus des Français de l'étranger, dans la mesure où ceux-ci montrent l'étiage absolu de la participation (certes habituellement faible chez ces électeurs, mais pas à ce point) et surtout une victoire écrasante (très relative eu égard à la chétive participation mais cela ne compte pas dans l'esprit des gens) des candidats de la nouvelle majorité. Moralement, cette publication est une faute, car on sait bien que toute publication avant terme de résultats influe les électeurs qui ne se sont pas encore prononcés. On pourrait même imaginer quelque battu remettre en cause l'élection du candidat gouvernemental pour cette raison, devant le Conseil constitutionnel ou un tribunal...
    Cette défaite annoncée va se traduire forcément par un énorme taux d'abstentions chez les opposants potentiels (on appelle cela l'abstentionnisme différentiel). Taux qui battra par conséquent tous les records, sans doute pour dépasser allègrement les 40%, et pourquoi pas pour atteindre voire dépasser les 50%. A noter que le comportement pour l'instant presque parfait du nouveau chef de l'Etat, ainsi que l'audace du nouveau gouvernement consistant à avancer dès maintenant ce que le gouvernement précédent fut incapable de mener à bien (loi El Khomri), tout comme l'atonie des oppositions syndicales traditionnelles en dit long sur l'état d'esprit présent des Français. Oui, il y aura raz de marée le 11 et plus encore le 18 juin, par abstentionnisme des oppositions en puissance, divergentes et déjà défaites dans leur tête.
    Autre chose; l'examen de la campagne, localement, indique que les candidats estampillés En marche ou MoDem n'auront aucun mal à vaincre leur adversaire, mais que là où En marche a laissé place à des personnalités jugées favorables au gouvernement, ces personnalités issues des partis classiques sont combattues avec la rage qu'on réserve à ceux qu'on considère comme des renégats, ici par plus à gauche que le PS rallié à M. Macron, là par plus à droite que le LR pareillement rallié. Et que celles-ci auront beaucoup de mal à vaincre, à cause de leur retournement de veste, qui relève d'un ancien temps que visiblement les Français n'avalisent plus, même dans les partis classiques. Déjà en 2012, les dissidents avaient souvent obtenu plus de voix que les candidats choisis depuis Paris par les appareils. Cette fois, ce comportement ne pardonnera pas. Donc, le gouvernement ne peut guère compter sur ces ralliés jugés sympathiques.
    Heureusement pour lui, l'abstention des opposants devrait être telle que sa majorité sera écrasante, et livrera une chambre introuvable. Mais contrairement à d'habitude, en tous cas à ce qu'on observe depuis 1919, cette chambre introuvable ne sera pas suivie d'inaction, par complexe existentiel. Bien au contraire, le nouveau président en profitera pour aller jusqu'au bout de son programme; cela aussi paraîtra à beaucoup comme une nouveauté, même si la France a déjà connu cela en 1871 et mieux encore, en 1852.
    1852 avec quoi le nouveau cours des choses ressemble beaucoup: nouveau cours économique et social d'une part; d'autre part reprise en main des médias (à l'époque, du corps préfectoral et administratif) depuis le rachat de plusieurs d'entre eux par des personnalités proches du nouvel occupant de l'Elysée, reprise en main qui continue à France Télévisions, et dont on sent bien qu'elle se prolongera sur la Toile sous le prétexte de lutte contre le terrorisme.


Les municipales de 2014



    Vous voulez voir l'ampleur du renversement de situation consécutif à ces élections? Il y a dans cette page un « roll over » qui remonte à 1971...

    Vous pouvez aussi voir les résultats du 1er tour par bureau de vote à Paris, accessibles par le menu déroulant "rollover", rubrique "Paris: municip.+référ.".


Législatives partielles du Lot-et-Garonne... et du Var



    Autant je refrénais les journalistes, à l'occasion des législatives de l'année dernière, qui partaient à la chasse aux élus que pourrait avoir le FN au deuxième tour, autant pour cette partielle les leaders de l'UMP affichent une certitude de battre le candidat FN très excessive. Pourquoi? Parce que, dans la configuration de candidature présente (gauche éliminée et droite et extrême droite restant seules en course, avec un FN talonnant l'UMP):

- au second tour, le candidat UMP gagne une proportion de moins en moins importante d'électeurs de gauche (laquelle se contente de plus en plus de l'abstentionnisme et plus encore du vote nul)
- si la gauche appelle à voter pour l'UMP, alors de nombreux électeurs UMP du premier tour préfèrent encore, au second tour, le FN à un candidat de droite "pollué" par la gauche
- le candidat FN, lui, engrange ces électeurs UMP du premier tour sans rien perdre par ailleurs, ce qui lui permet au final de progresser davantage que le candidat UMP
- que donc le front dit républicain n'existe plus en France
- qu'à l'occasion de la récente partielle de l'Oise la gauche a apporté une obole non négligeable au FN au second tour
- que depuis cette partielle il y a eu le débat sur la loi sur le mariage "homo", loi que ne comprend pas la France non "branchée"
- que sur ce terrain le comportement des leaders de la droite a été pour le moins ambigü alors que celui des chefs du FN a été plus net
- que les provinciaux ne supportent plus les Parisiens débarqués de la veille ou du matin venant leur prêcher la bonne parole comme à autant de crétins
- et que tout cela mis ensemble rend la victoire du FN à Villeneuve-sur-Lot parfaitement possible.

    Et voilà! Ça se produit à Brignoles, en terrain certes plus favorable que Villeneuve/Lot mais tout de même nettement...


Projet de loi 2012 sur l'élection des futurs conseillers municipaux, «départementaux» et intercomunnaux



    Le gouvernement Ayrault a préparé un projet de loi réformant le mode d'élection des élus locaux et leur cadre d'élection pour ce qui concerne les actuels conseillers généraux.

    Pour simplifier:
-- il supprime le projet de «conseiller territorial» du gouvernement précédent, en restaurant le conseil général rebaptisé conseil départemental
-- il instaure un scrutin binominal, associant obligatoirement deux personnes de sexe opposé dans chaque canton
-- conséquemment à la précédente mesure et afin de conserver le même nombre global que celui de conseillers généraux, il divise par deux le nombre des cantons, avec règles démographiques contraignantes comparables à celles prévalant pour les découpages législatifs
-- il rassemble l'élection des conseillers départementaux en un seul scrutin (conseillers généraux jusque-là élus par moitié, tous les trois ans)
-- il généralise la règle du scrutin de liste actuellement en vigueur pour l'élection des conseils municipaux dans les communes supérieures à 3500 habitants à celles comprises entre 1000 et 3500 habitants
-- il réglemente le mode d'élection des conseillers intercommunaux
-- il choisit les dates des futures élections locales.


    Il y a à boire et à manger dans ce vaste chantier.
    Et d'abord de bonnes choses, comme le chiffrage systématique du coût des mesures. C'est même la première fois qu'un projet de loi de nature électorale va si loin dans l'estimation de ces coûts; bravo!
    Apparemment, il conserve la réduction de l'effectif des conseils municipaux de deux membres pour tous les niveaux de population, ce qui réduira sensiblement le nombre d'élus en France, le plus élevé de tous les pays développés, et notamment ce nombre farfelu de 9 pour les plus petites communes!!!
    Pour les amateurs de parité, tout est très bien. C'est même l'argument qui revient partout dans ce texte. Et j'en féliciterais volontiers le gouvernement, si toutefois il n'y avait pas des contreparties, moins avouables en haut lieu.


    En généralisant le scrutin de liste aux communes de 1000 à 3500 habitants, le gouvernement fait d'une pierre deux coups:
-- 1/ en façade, il élargit la parité hommes-femmes, ce qui ne déplaira à personne
-- 2/ sur le fond, il politise une partie des petites communes, chose dont la gauche rêvait depuis toujours, surtout depuis que le Sénat est restauré et consacré «assemblée des collectivités locales», avec un mode de scrutin valorisant forcément les petites communes.

Le drame est que cela va coûter TRÈS CHER aux communes concernées, parce que qui dit politisation dit surenchère de promesses et, partant, de dépenses.


    Quant au redécoupage des cantons, le gouvernement reconduit la procédure actuelle concernant la modification des collectivités locales: officiellement, un décret en Conseil d'Etat; en réalité, un texte préparé par les préfets (après consultation des assemblées départementales), transmis au gouvernement (et choix de celui-ci quant aux cas litigieux), projet enfin transmis puis validé en Conseil d'Etat.
    Il fallait s'y attendre, le secret prévaudra une fois de plus. Et de là les dérives politiques vers lesquelles, très naturellement, tout pouvoir politique penche, de droite comme de gauche. Et dire que certaines voix, à gauche, avait suggéré à l'occasion du rédécoupage législatif de 2009 que ce travail soit réalisé par une commission indépendante... Adieu beaux principes, transparence, honnêteté, courage civique... Et comme pour le dernier remaniement territorial de quelque ampleur qu'a connu la France, celui de 2009, à nouveau les accusations fuseront de «charcutage», une fois sur deux franches et justifiées, à nouveau le gouvernement se cachera derrière des arguments, une fois sur deux justifiés mais hypocrites, et parfaitement mensongers dans l'autre moitié des cas.

    Autre vice inavoué: le gouvernement, en consacrant l'élection plus ou moins démocratique (compliquée au demeurant) des conseillers intercommunaux, va pouvoir «faire la peau des communes», en les vidant de leurs pouvoirs au profit des EPCI, comme il vient de le faire pour les permis de construire, chose absolument fondamentale puisqu'à terme cela se verra dans le paysage -- et pas toujours de façon agréable pour les administrés, qui regretteront peut-être un jour leur chère commune... où ils pouvaient toucher le maire ou un conseiller municipal! Cela aussi est un rêve depuis longtemps de la gauche.
    Mais la droite ne lui avait-elle pas ouvert un boulevard par sa tentative de réforme dite Balladur? Après quoi le Sénat a boudé celle-ci parce que les petites communes sentaient bien que, par ce projet de loi, elles se retrouvaient du jour au lendemain en sursis...




Législatives 2012: attention à l'escroquerie!



    A l'heure qu'il est, le FN table sur les législatives pour rentrer enfin, par ses seules forces et par paquet de dix au Palais-Bourbon.
    De faux ingénus ont lancé sur la Toile l'idée qu'il pourrait y avoir 350 candidats frontistes à pouvoir se maintenir au 2e tour des législatives du printemps parce que pouvant atteindre le seuil légal de 12,5% des inscrits.

    Las! Ils avaient tout simplement retranscrit les chiffres du premier tour de la présidentielle, dressés par circonscription et envoyés par le ministère de l'Intérieur à tous les médias en fin de matinée de lundi 23. Le nombre a été repris par tout le monde, évidemment pour le sensationnel, sans s'enquérir du sérieux de la méthode. Cela sous-entendait des dizaines d'élus de ce parti, redoutés bien évidemment par nos joyeux informateurs.
    Or, jamais un parti excepté en 1981, quand le PS a fait mieux que F. Mitterrand (mais c'était le parti vainqueur, et pour une victoire tout autre que celles qui ont suivi!), dans le passé et à des législatives consécutives, n'a fait aussi bien que son leader à la présidentielle. Parce que tout spécialiste de science politique qui s'est un tant soit peu penché sur l'histoire électorale de la France sait que le candidat qui porte les couleurs de tel ou tel parti ne provoque pas le même engouement que le ou la présidente du parti en question, surtout charismatique comme Marine Le Pen. Et que la présence des fortes personnalités, installées, contrôlant largement leur circonscription, appartenant aux grands partis, lamine l'instinct démocratique des gens du cru.

    Je viens de mettre en ligne le tableau simplifié des résultats estimés pour juin, par circonscription, susceptibles d'apporter un siège au FN, circonstancié. Et vous pourrez constater que si l'UMP n'éclate pas par suite de la défaite plus ou moins nette de N. Sarkozy au 2e tour:
-- il n'y aura pas 350 triangulaires
-- le FN ne peut espérer que quelques élus, même en tenant compte de la propension nouvelle, obervable depuis les cantonales de 2011, de la droite classique à accepter de se reporter sur le Front national!



10 juin: premières constatations



17 juin: premières constatations





Présidentielle 2012



    Rendez-vous dans la rubrique "variable récente"... ou dans les "rollovers".
    Les cartes de candidat sont dans le premier menu défilant, celles qui correspondent aux grandes familles politiques et à l'abstention se trouvent en sus dans les "rollovers".

    N'oubliez pas les cartes d'évolution 2007-2012 et une 2002-2012 pour comprendre ce que Marine le Pen a vraiment gagné depuis le maximum FN de 2002.




Cantonales 2011



    Je n'ai pas réalisé de cartographie approfondie sur ce scrutin. Mais l'analyse des chiffres révélant des choses tout à fait nouvelles et grosses d'avenir, je me résous à les publier sur cette seule page, en condensé. Les affirmations qui suivent se basent exclusivement sur les corrélations entre pourcentages rapportés aux inscrits.

    D'abord, la gauche continue à grignoter les terres jadis démocrate-chrétiennes. Mais cela est connu depuis plus de vingt ans, donc passons.
    Ensuite et surtout, les reports de la droite sur le FN sont plus élevés que tout ce qu'on a observé jusqu'ici. La porosité entre ce qu'il va être de plus en plus difficile d'appeler l'extrême droite avec Marine Le Pen et la droite se rapproche de ce qu'elle est entre l'extrême gauche et la gauche.
    Précisons. Quand elle est obligée de se retirer au deuxième tour, la droite UMP, divers Majorité ou «divers droite» se reporte plus facilement sur les candidats FN. Parallèlement, elle se reporte moins facilement sur la gauche, au point de davantage préférer le FN à la gauche en 2011, fait nouveau. Jusque-là, il y avait toujours une petite fuite de voix vers l'extrême droite, mais cette fois, c'est la majorité des reports qui se font dans cette direction. Autre nouveauté, toujours si elle est obligée de se retirer de la compétition et qu'un candidat FN reste en lice, elle ne nourrit plus ni le vote blanc ou nul ni l'abstention.
    Continuons, en introduisant la majorité tendance Nouveau Centre. Surprise! Jusque-là, les électeurs centristes passaient tous pour hermétiques à l'entente avec le FN. Cela est toujours vrai pour le MoDem. Mais il en va tout autrement quand le Nouveau Centre avait l'ascendant sur l'UMP au 1er tour cette année. Dans ce cas, les centristes de la majorité ont préféré aussi le FN à la gauche au 2e tour. La différence a été dans l'ampleur des reports, moindres que ceux des électeurs UMP.
    Or, la plus grande victoire tactique de la gauche sur la droite était, outre le fait d'avoir réussi à lui faire honte de son appellation même, d'avoir enfoncer un coin efficace entre elle et l'extrême droite dans le domaine électoral... Peut-être que son grignotage constant du centre droit va lui permettre de compenser un éventuel et vrai rapprochement entre droite et ex-extrême droite. Le trinôme infernal 45-40-15 (% gauche, % droite, % extr.dr.) des années quatre-vingt et quatre-vingt-dix pourrait alors se transformer en bon vieux 50-50...




Régionales 2010






    Les suffrages exprimés donnent une majorité écrasante à la gauche. Là est ce que retiendra l'histoire. Le problème est que la somme... suite





Redécoupage législatif



Plusieurs rubriques, accessibles en haut à gauche:

-- Circ(onscriptions) 1986 et population, page exposant les données chiffrées sur le découpage de 1986.

-- Circ., pop(ulation) et élus 2007, page contenant principalement le tableau des circonscriptions de 1986 ordonnées en fonction de la population et de l'élu de 2007.

-- Circonscriptions 2010: analyse globale, avec un lien vers le site contenant désormais la cartographie de chaque département, avec population par canton, ancien découpage, ce qu'il était possible de faire et projet Marleix.

  • Le PCF privilégié... (dans une nouvelle fenêtre): le découpage Marleix superposé aux résultats du Parti communiste en 2007 par canton...

  • Droite, gauche??? (pareil, nouvelle fenêtre): le découpage Marleix superposé aux résultats en voix de la droite et de la gauche en 2007...

  • Simulation électorale: la projection en sièges des résultats de 2007 dans le cadre du découpage Marleix, avec la méthode exposée.




Législatives 2007






    Un tableau édifiant concernant le recrutement des candidats à ce type de scrutin, qu'il n'est pas possible de construire en 2012 faute de données... suite





Présidentielles de 2007, 2002

Référendum de 2005


et quelques autres scrutins importants, accessibles par le menu à ascenseurs de gauche... en attendant les prochains!