geoelections
Correspondre

FRANCE

Variable récente
1902, carte des élus

    Remarque — L'étiquette nationaliste n'est appliquée qu'aux candidats expressément tels, et non à tous les candidats estampillés par la Ligue de la patrie française, qui chapeautait beaucoup de candidats simplement conservateurs par défaut, patronage malheureusement retenu sans précisions par le très sérieux journal Le Temps et par la majorité des autres titres du centre ou de gauche, qui y voyaient un utile repoussoir.
    En 1899, les rebondissements de l'affaire Dreyfus finissent par provoquer le reclassement politique le plus important d'avant 1914: derrière Waldeck-Rousseau se rangent ceux qui n'acceptent plus les tergiversations d'un personnel pourtant indéniablement républicain face à l'agitation des Ligues nationalistes: la gauche et un tiers des progressistes (les anciens opportunistes, rebaptisés tels depuis l'époque de «l'esprit nouveau»). Dans l'opposition au ministère restent ceux qui veulent avant tout défendre l'honneur de l'armée pour préserver l'outil de défense, quitte à mentir d'un point de vue de pure justice: les anciens monarchistes, les plébiscitaires et les nationalistes, rejoints par ceux qui voient dans l'exploitation de «l'Affaire» un risque de fracture nationale; les deux tiers des progressistes passent ainsi à l'opposition. Précision sémantique: ces derniers sont dits « antiministériels » mais en réalité continuent d'appuyer la plupart du temps le gouvernement, en ne s'opposant qu'à ses lois anti-religieuses, toujours par souci d'unité nationale. Leur probité républicaine les garde à distance de gens d'ascendance monarchiste, même si par tactique ils se retrouvent parfois seuls antiministériels au combat et lancent alors d'inévitables appels du pied à plus conservateurs qu'eux, ou si — et encore pas partout — la droite se retire devant leurs candidats les plus capables de battre le gouvernement.
     Pour la première fois, un chef de gouvernement (W.-R.) appelait au rassemblement derrière son ministère de «défense républicaine», expression promise à la postérité puisque reprise en 1936 par les partisans du Front populaire et transformée plus tard en front républicain (expression à ne pas confondre avec celle de concentration républicaine, désignant une large mouvance républicaine sans extrêmes). Toutefois, au moment des élections, l'expression qui prévaut est celle de «Bloc des gauches» (première occasion où le mot «gauche» est employé dans son acception moderne et pour se reconnaître sur l'échiquier politique français).
     Les élections se déroulent après le vote de la fameuse loi de 1901 sur les associations. Elles se font donc sur la question religieuse puisque la dite loi a écarté de son bénéfice les congrégations, ce qui revenait à les interdire, et particulièrement celles qui enseignaient.
     C'est en 1902 que l'Est revient à droite, Est lorrain inquiet de la mise en cause de l'armée, dans une optique de conflit possible avec l'impétueux voisin. Les votes nationalistes y sont spontanés, détachés de toute récupération politique, contrairement à d'autres régions où quelques royalistes catholiques ultras trouvent par cette appellation le moyen de soulager des siècles de rancune religieuse envers le peuple juif déicide.
     La gauche gagne ces élections, et au sein de la gauche les radicaux progressent davantage que les autres composantes. Face à ce résultat, Waldeck-Rousseau leur abandonne le pouvoir ; ce sera le ministère Combes.