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FRANCE

 Histoire du
 découpage électoral


      
Présentation

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    1848
    IIe Empire
    1870
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    1881
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    1910
    1914
    1919
    1924
    1927
    1932
    1936
    Bilan de la IIIe Rép.
    1945
    1946
    1951
    1958
    1986
    2010
    Les projets pour 2022
    Suggestions

 Qui a gagné au découpage?
    Préambule -– 1857 – 1863
    1869 – 1876 – 1877 – 1881
    1889 – 1893 – 1898 – 1902
    1906 – 1910 – 1914 – 1928
    1932 – 1936 – 1958 – 1962
    1967 – 1968 – 1973 – 1978
    1981 – 1988 – 1993 – 1997
    2002 – 2007 – 2012 – 2017
    2022 – 2024
    Conclusion : qui a gagné?
         

Qui a gagné au découpage électoral en France ?
Attitudes politiques,
inégalités de représentation,
conséquences sur les élections
et suggestions pour l'avenir

Le découpage, un jeu de rôle à toutes les époques

     Relativement à l’élection de leurs députés, les Français se sont habitués au scrutin uninominal. Son corollaire le découpage suscite périodiquement la polémique ; le pouvoir agit dans le secret, l’opposition hurle qu’on l’étrangle. Comme on va le voir, la réalité est plus subtile. Et les torts partagés ; le pouvoir et l’opposition mentent, cela aussi relève du théâtre.
     Un tel sujet ne pouvait qu’entraîner méfiance et prudence de la part des analystes. Bernard Gaudillère frappa un grand coup avec son Atlas des circonscriptions électorales françaises. En 846 pages, il remontait à 1815 et disséquait l’aspect formel et légal du sujet, malheureusement en se fiant aux inscrits pour juger de l'inégalité de représentation et en faisant l'impasse sur l'aspect politique des modifications successives opérées sous la Troisième République. Depuis, un redécoupage partiel mais important a eu lieu en 2009. Un autre, général celui-là, attendit longtemps sur les bureaux de l'Assemblée nationale, sur canevas cantonal bouleversé en 2014; la conjoncture politique en a eu raison.
     Une remise sur le métier s'imposait donc, autant pour mettre à jour que pour compléter les analyses quantitatives et partant politiques volontairement défaillantes. L'objet des pages qui suivent est de narrer les opérations successives de découpage puis, après reconstitution de la population exacte par circonscription, de montrer élections générales après élections générales et par une suite d'histogrammes qui, sous ce seul angle mais avec certitude, fut avantagé ou handicapé par le découpage électoral depuis 1857.

     Peut-être paraîtra-t-il un ouvrage en librairie sur ce sujet avant la fin de l'année, sujet épineux, à tiroirs, donc ouvrage épais, où il sera traité de l'histoire du découpage, plus quelque bonne méthode pour nous extirper de l'ornière dans laquelle nous plonge périodiquement cette épreuve, si toutefois les intentions du gouvernement Bayrou ne sont pas de supprimer tout découpage… Si cela ne se fait pas avant le milieu de l'automne, tout ira dans les pages annoncées à gauche, qui apparaîtront à droite, avec le texte, les cartes, et les graphiques de 1857 à 2024 montrant qui a gagné au découpage électoral en France.

     Les historiens ne découvriront pas toutes les réponses apportées. Par exemple, ils supputent depuis longtemps — à raison mais sans preuves — que le marais de la IIIe République bénéficia du scrutin d’arrondissement. Les pages qui suivent précisent les choses par famille politique, scrutin après scrutin. Elles narrent aussi comment les républicains, tout en satisfaisant leur désir — au demeurant sincère — d’assainir la pratique, se firent plaisir à chaque fois qu’ils le purent. Plus généralement, le commun des mortels risque de tomber de haut dans le tableau manichéen que tout pousse à lui faire imaginer, tant la mauvaise foi est la règle de comportement commune — hormis quelques accents de sincérité qui semblent presque, par contraste, autant d'accidents de parcours, qu'on pense au cri du cœur du radical Balitrand en 1919 ou à la rage de M. Folliot en 2009. Depuis 1958, les opérations sont redevenues discrétionnaires, comme sous le Second Empire — à la différence près depuis 1966 d’une validation parlementaire, mais très corsetée. Un par un les pays anglo-saxons abandonnent cette tâche à des commissions indépendantes ayant pour mission de réaliser des découpages respectueux à la fois de la géographie et de la démographie : l’ébauche du nouvel acte de découpage en France qu'on vient de connaître montre le mal qu’aura le monde latin à sortir de son opacité congénitale.