carte-election presidentielle-2012
En Alaska, sont utilisés les chiffres reconstitués par aire de recensement du site cinycmaps.com, à la place des résultats officiels donnés par circonscription électorale locale dont le découpage change en permanence.
En Virginie, pour des raisons de lisibilité et de cohérence d'ensemble, les independent cities sont fusionnées avec les comtés dont elles sont issues.

      On est loin de la carte du seul scrutin politiquement comparable, celui de 1936! Pourtant, même persistance de la crise économique, même parti à la présidence... mais grosse différence: l'actuel Président a perdu dès son premier mandat la majorité au Congrès. L'équipe démocrate peut se rassurer en constatant sa majorité absolue des suffrages populaires là où B. Clinton, lui aussi confronté à une Chambre hostile, n'avait pas atteint la majorité, alors même qu'il ne subissait pas de crise économique; mais là il y a une autre différence: le candidat Perot avait pris le tiers de ses suffrages au camp démocrate, donc à Bill Clinton.
      Beaucoup plus grave, et inquiétant: le renforcement des contrastes entre les deux camps. Inquiétant dans la mesure où l'absence de concurrence de petits candidats ne peut expliquer ce fait; les suffrages n'étaient pas plus dispersés que la fois précédente. L'explication est ailleurs: les Noirs, les Amérindiens et les Hispaniques, qui avaient déjà atteint des sommets dans leur soutien à un des deux camps, le démocrate en l'occurrence, ont encore accentué leur choix, tandis que corrélativement les Américains racialement majoritaires se sont aussi peu que ce soit reportés sur le candidat républicain. En ce qui concerne les Noirs du Sud-Est, ceux qui se reconnaissent le mieux sur une carte, jamais dans l'histoire des Etats-Unis leur comportement électoral n'a autant tranché avec les comtés environnants (je vous invite à en juger en appelant à l'aide du menu déroulant les scrutins très comparables de 1972, 1984, 1988, 2000, 2004 et 2008). Ainsi, en alternant ce scrutin avec ceux précités, vous observerez facilement le maintien voire le renforcement du vote Obama dans la basse vallée du Mississippi (la plus vaste zone de pauvreté aujourd'hui aux Etats-Unis) comme l'épine dorsale de la population noire à travers le reste des Etats du Sud, jusqu'à la Virginie, et le Bronx à New York. L'extrême sud du Texas se distingue dans le même sens, là où les Mexicains sont largement majoritaires, ainsi que Miami - ce qui dément l'annonce du délaissement du vote du père par les jeunes issus de l'immigration cubaine du temps de Kennedy. Quant aux Esquimaux, ils ont visiblement plébiscité Obama (nord et ouest de l'Alaska).
      De façon générale, les comtés ruraux ou contenant de petites villes retournent au vote républicain. Alors que le ticket présidentiel sortant résiste plus ou moins bien dans les villes centres. Tandis que les banlieues voient reculer modérément le vote Obama. A une exception près importante, la banlieue sud de Washington, essentiellement peuplée de hauts fonctionnaires fédéraux...
      Le vote populaire atteint 59,8% du corps électoral potentiel (Américains citoyens et âgés d'au moins 18 ans), soit deux points et demi de moins qu'en 2008. Un Etat illustre l'incapacité du très modéré Romney à rallier la droite américaine: l'Alaska, Etat de Sarah Palin, un temps égérie de la mouvance tea party, où Obama ne progresse pas en voix brutes mais où la participation chute par rapport à 2008 (qui n'était déjà pas une bonne année de ce point de vue!), entièrement aux dépens du ticket républicain. Mais les cartes d'évolution nous apprennent davantage sur cette incapacité de Mitt Romney à convaincre les électeurs de la tendance tea party de 2010.
      Barack H. Obama (démocrate) réélu président.